Dans un contexte économique de plus en plus difficile, les travailleurs burundais expriment leur inquiétude face à des niveaux de rémunération jugés insuffisants pour couvrir leurs besoins fondamentaux. Cet appel à l'actualisation du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) a été au cœur d'un atelier de trois jours récemment organisé à Gitega par le ministère de la Fonction publique, du Travail et de l'Emploi, en collaboration avec le Secrétariat Permanent de la protection sociale, en partenariat avec le projet d'appui aux filets sociaux productifs « Merankabandi ».
Les résultats d'une enquête sur le SMIG révèlent une réalité préoccupante : les salaires actuels ne suivent pas l'évolution des prix, rendant la vie de plus en plus coûteuse pour de nombreux Burundais.
Le SMIG, en vigueur depuis 1988, n’a pas été ajusté pour tenir compte de l’inflation galopante qui a touché le pays au cours des dernières décennies. En 1988, le SMIG était de 165 BIF en milieu urbain et de 160 BIF en milieu rural. Aujourd'hui, ces montants sont dérisoires : les prix ont explosé, et ce que l'on pouvait acheter avec 5 BIF à l'époque ne peut plus l'être, même avec 1000 fois ce montant. Selon le directeur général du Travail, des ajustements urgents sont nécessaires face à la dévaluation de la monnaie et à la conjoncture économique mondiale.
Le magistrat Anatole Nizigiyimana, lors de son intervention, a rappelé que le concept de salaire minimum a été introduit à la fin du 19ᵉ siècle afin de garantir un revenu juste aux travailleurs et de soutenir le développement économique. Il a souligné que même si le SMIG est souvent sujet à débattre, son objectif est de réduire la pauvreté et les inégalités en l’indexant sur l’inflation et la croissance économique. « En Afrique, 54 pays sur 57 ont adopté un SMIG, mais de nombreux défis subsistent, notamment le non-respect des lois et l’absence d’ajustements réguliers », a-t-il déclaré.
Les participants à l’atelier ont convenu que le SMIG actuel ne permet pas de couvrir les besoins essentiels, tels que l'alimentation, le logement, la santé et l'éducation. Selon Phénias Niyigaba, un des acteurs présents, « l’actualisation du SMIG est cruciale pour garantir la dignité des travailleurs », soulignant que la qualité de vie des employés a un impact direct sur leur productivité.
Dans des secteurs comme l’éducation, des cas ont été rapportés où des gardiens ne perçoivent que 15 000 BIF par mois, un montant nettement en deçà du coût de la vie. Niyigaba a également réaffirmé que le SMIG doit s'adapter pour rester un véritable outil de justice sociale et de régulation économique. « Si rien n'est fait pour réviser le SMIG, les conséquences négatives continueront d’affecter non seulement les travailleurs, mais aussi l’ensemble de l’économie burundaise. » En tant que membre de l’OIT, le Burundi a la responsabilité de garantir un salaire équitable pour tous, a-t-il ajouté.
L'atelier a mis en lumière l'importance d'un dialogue social constructif, où les gouvernements, les employeurs et les travailleurs doivent collaborer pour trouver des solutions durables. L’actualisation du SMIG pourrait constituer un pas concret vers le respect des normes internationales découlant de l’OIT, garantissant ainsi les droits des travailleurs burundais.
Signalons qu’il devient impératif d'agir rapidement et efficacement pour remédier à cette situation préoccupante. Les acteurs concernés doivent prendre conscience que la question du SMIG ne concerne pas seulement les travailleurs, mais l'ensemble de la société burundaise. Un revenu décent est fondamental pour permettre à chaque Burundais de mener une vie digne. L’actualisation du SMIG est une responsabilité collective, et chaque partie prenante doit jouer son rôle pour garantir un avenir économique plus juste et solidaire.
HAVUGIYAREMYE Dieudonné