GISHORA : la tradition des tambours royaux
Gishora, dans la province de Gitega (centre du Burundi), est aujourd’hui le principal sanctuaire des tambours royaux de l'ancien royaume multiséculaire des Grands Lacs africains, à perpétuer cette tradition.
Aujourd’hui bien sûr, les choses ont changé et même si on ne joue plus le tambour pour le simple plaisir du roi, cet art qui s’est popularisé suscite toujours un grand engouement au sein de la population burundaise.
C'est à Gishora que se trouve un des sanctuaires des tambours sacrés qui a été créé au 19e siècle par Sa Majesté Umwami (roi) Mwezi Gisabo. Se trouve à Gishora deux tambours sacrés liés à la fertilité agricole dont les noms sont "Ruciteme" (celui pour lequel on débroussaille) et "Murimirwa" (celui pour lequel on cultive). Sur la photo ci-contre, on voit Antime poser à côté des deux tambours sacrés "Ruciteme" et "Murimirwa". À Gishora, réside donc les tambourinaires, les Abatimbo ("ceux qui frappent avec force").
Depuis toujours, les tambours occupent une place importante dans la société burundaise. Avant l'invasion allemande et belge, les tambours occupaient notamment une place centrale dans la fête annuelle des semailles (Umuganuro) et aussi d'autres cérémonies d'envergure au temps du royaume. D'ailleurs, l'envahisseur belge a combattu farouchement l'Umuganuro en la qualifiant avec culot « d'abomination païenne » et la dernière fête des semailles eut lieu à Bukeye en 1929. L'Umuganuro assurait le fondement sociétal du Burundi et constituait le lien entre le roi et son peuple. Cette fête était organisée pour la fécondité des terres et un hommage était rendu à Karyenda, le tambour sacré.
Le nom générique d'un tambour est "Ingoma" et la baguette utilisée pour le frapper se dit "Umurisho". Lorsqu'un tambourinaire tourne l'umurisho autour du cou, cela veut dire qu'il fait serment de fidélité au roi sinon qu'on le tue ("Que je meure si je trahis mon pays !"). Avec l'arrivée de la république, les tambours ont cessé d'être l'exclusivité de la cour royale et se sont démocratisés dans le public.